L’auberge rouge
Honoré de BalzacL’histoire nous transporte en octobre 1799 sur les bords du Rhin. Deux jeunes chirurgiens militaires français, originaires de Beauvais, rejoignent leur brigade. L’un s’appelle Prosper Magnan ; Hermann a oublié le nom du second, qu’il nommera Wilhem. Ils s’arrêtent dans une auberge « entièrement peinte au rouge ». L’aubergiste leur cède sa chambre : toutes les autres sont occupées. Débarque un voyageur, porteur d’une lourde valise, pleine d’argent. C’est un riche négociant, fort affable. Les jeunes gens l’invitent à leur table et lui offrent de partager leur chambre. Troublé par la présence de cette fortune, Prosper ne parvient pas à s’endormir : des rêves éveillés l’agitent et le plongent dans un scénario de crime parfait. Effrayé, il se précipite au dehors, arpente fébrilement la campagne et reprenant ses esprits, rentre à l’auberge et s’endort. Au matin, réveillé par le vacarme qui règne dans l’auberge, il découvre le négociant mort, gisant dans une mare de sang à côté de son instrument de chirurgie…
« Mon imagination fut tout à coup saisie par l’aspect du convive qui se trouvait précisément en face de moi. C’était un homme de moyenne taille, assez gras, rieur, qui avait la tournure, les manières d’un agent de change, et qui paraissait n’être doué que d’un esprit fort ordinaire, je ne l’avais pas encore remarqué ; en ce moment, sa figure, sans doute assombrie par un faux jour, me parut avoir changé de caractère ; elle était devenue terreuse ; des teintes violâtres la sillonnaient. Vous eussiez dit de la tête cadavérique d’un agonisant. Immobile comme les personnages peints dans un Diorama, ses yeux hébétés restaient fixés sur les étincelantes facettes d’un bouchon de cristal ; mais il ne les comptait certes pas, et semblait abîmé dans quelque contemplation fantastique de l’avenir ou du passé. »
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