L’oiseau blanc
Denis DiderotTexte oublié du philosophe Denis Diderot, L’oiseau blanc peut se lire comme une suite aux Bijoux Indiscret. Conte érotique et satirique inspiré des Mille et une Nuits, son manuscrit fut recherché en vain par le lieutenant Berryer venu arrêter Diderot en 1749. Son épouse Nanette lui aurait répondu qu’elle ne connaissait à son mari “ni pigeon noir, ni pigeon blanc”.
« Ah ! ma sœur, le bel oiseau ! Quoi ! vous ne le voyez pas entre les deux branches de ce palmier, passer son bec entre ses plumes, et parer ses ailes et sa queue ? Approchons doucement ; peut-être qu’en l’appelant il viendra ; car il a l’air apprivoisé. « Oiseau mon cœur, oiseau mon petit roi, venez, ne craignez rien ; vous êtes trop beau pour qu’on vous fasse du mal. Venez ; une cage charmante vous attend ; ou si vous préférez la liberté, vous serez libre. »
« L’oiseau était trop galant pour se refuser aux agaceries de deux jeunes et jolies personnes. Il prit son vol, et descendit légèrement sur le sein de celle qui l’avait appelé. Agariste, c’était son nom, lui passant sur la tête une main qu’elle laissait glisser le long de ses ailes, disait à sa compagne : « Ah ! ma sœur, qu’il est charmant ! Que son plumage est doux ! qu’il est lisse et poli ! Mais il a le bec et les pâtes couleur de rosé, et les yeux d’un noir admirable ! »