Retour du paradis
Mircea EliadePrenant la suite des Hooligans (publié à L’Herne en 1987), Retour du paradis ouvre une série de romans que Mircea Eliade a consacré sa génération. Les personnalités multiples et souvent contradictoires de l’auteur trouvent ici leur reflet dans presque tous les personnages. Ses jeunes héros sont souvent tiraillés entre l’action et le leurre, mettant toujours en question leur propre vie, avec une ironie grave, alternant une solitude complète avec des réunions bachiques. Leur vie est faite d’amours passionnés et d’idéaux turbulents dans un monde instable. Peu de choses se produisent pour Dav, Paul ou Eléazar, mais ils sirotent leurs expériences avec délectation, regardant la vie avec les yeux grands ouverts, dans une recherche fiévreuse d’eux-mêmes et des autres…
Extrait :
La rencontre avec Vlădescu le surprit sans le réjouir. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Anicet avait renoncé, dès le début de l’été, à voir ses amis. Or Vlădescu n’avait jamais été, à proprement parler, un ami ; il le connaissait depuis longtemps, ils se tutoyaient, se voyaient souvent, dans les mêmes endroits, c’est tout. Vlădescu interrompit le soliloque de Pavel en lui posant une foule de questions. il faisait de grands gestes chaleureux. Il parlait seul, infatigable, généreux, enthousiaste ; il éclatait comme une flamme.
Ce Vlad était un garçon extraodinaire ; dommage qu’il ne fasse pas de politique. Il entendait ses paroles : que deviens-tu ? Que deviens-tu ? Je ne fais rien, je me contente de vivre et je suis heureux ainsi – voilà ce qu’il aurait voulu lui répondre… Ou, de façon plus élégante : je survis, je me sens vivre sans pour autant faire quelque chose… N’est-ce pas magnifique ?
Revue de presse :
Philosophe, mythologue (?), historien des religions et romancier, Eliade a accompli un travail de roumain. Son retour du paradis a quelque chose d’infernal. Le destin de ses jeunes héros après la guerre de 14 nous scotche littéralement.
Service Littéraire