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Le Cahier de L’Herne Isaac Bashevis Singer déjà en librairies !
mercredi 17 octobre 2012
Dirigé par Florence Noiville.
Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Fondation du Judaïsme Français et du Centre National du Livre.
Ce que propose de montrer ce Cahier de L’Herne, c’est une image d’Isaac Bashevis Singer et de son œuvre qui se situe très loin des stéréotypes habituels – l’aimable fabuliste de l’âme juive, le lutin talmudique échappé d’une toile de Chagall ou encore le conteur nostalgique ressuscitant inlassablement le folklore pittoresque d’un yiddishland enfoui.
Bien sûr, les meilleurs spécialistes du yiddish (Jean Baumgarten, Rachel Ertel…), se chargent de rappeler dans ce Cahier comment Singer s’inscrit dans la tradition et l’imaginaire ashkénaze. Mais ils montrent surtout comment cette tradition est source de renouvellement, comment l’écrivain se l’approprie pour mieux la subvertir, créer du neuf, déranger. À tel point que Singer sera de son vivant critiqué, souvent même détesté. Comme le montre le témoignage d’Elie Wiesel, qui travailla longtemps avec lui au Forward, à New York, le monde juif se méfiera – et se méfie encore souvent – de lui : pourquoi, après la Shoah, s’est-il évertué à donner une si piètre image des Juifs d’Europe ?
Ce Cahier mettra également l’accent sur un aspect encore peu étudié de l’œuvre de Singer, la question de la double langue. Singer est un écrivain de l’entre deux. Entre deux langues, mais aussi entre deux continents (l’Europe et l’Amérique), entre deux mondes (le Monde d’hier, comme l’appelait Stefan Zweig et la modernité de l’après-guerre), entre deux registres (le réel et le surnaturel), entre deux femmes (toujours en train de voler de l’une à l’autre, ce qui fait d’ailleurs la matrice de ses récits). Mais c’est son rapport au judaïsme, sa façon d’être là aussi « dedans et dehors » qui sera ici particulièrement développée. Le Cahier montre qu’à travers ce qu’il appelle sa « religion de la protestation », Singer, dans ses romans comme dans ses nouvelles, poursuit une forme de quête, tout à la fois physique et métaphysique, critique et humoristique, qui constitue un fil directeur capital de son œuvre. Le Cahier Singer montre qu’un philosophe inclassable se cache sous les habits du romancier.
Richement illustré de reproductions photographiques et de fac-similés, le Cahier Singer contient un grand nombre de documents inédits – nouvelles ou fragments de romans inachevés, correspondances, listes, entretiens avec d’autres écrivains (Anthony Burgess) et même conseils à de jeunes auteurs. Singer, fils illégitime de Spinoza, père spirituel de Philip Roth et arrière-grand oncle de Woody Allen ? Ce volume espère en tout cas montrer un Singer méconnu et rendre compte des nombreuses résonances de son œuvre dans la création et la pensée de notre époque.
Ce Cahier réunit les contributions de Israël Zamir, Aharon Appelfeld, Jean Baumgarten, Albert Bensoussan, Geneviève Brisac, Jérôme Charyn, Marc Crépon, Agnès Desarthe, Rachel Ertel, Curt Leviant, Henri Lewi, Claudio Magris, Susie Morgenstern, Isy Morgensztern, Jean d’Ormesson, Cynthia Ozick, Gilles Rozier, Adam Thirlwell, Marc Weitzmann, Élie Wiesel; des dessins de Joann Sfar, les correspondances de Singer avec Israël Joshua Singer, Henry Miller; des documents iconographiques inédits et rares, qui font de cette publication un véritable évènement.
Cahier Singer
39,00 €