Carim Azeddine
Documentaire d’Olivier Azam et Daniel Mermet, 1 h 50,
avec Noam Chomsky, Normand Baillargeon, Jean Bricmont.
En salles depuis le 26 novembre

Linguiste de premier ordre et essayiste politique, Noam Chomsky reste un intellectuel méconnu en France, au regard de sa renommée mondiale.

Ostracisé suite à « l’affaire Faurisson », lorsque sa défense inconditionnelle de la liberté d’opinion fut confondue avec un soutien aux thèses révisionnistes, il continue de susciter une vive hostilité dans le monde intellectuel français. Il suffit pourtant d’écouter ses réflexions sur les mécanismes du pouvoir pour comprendre que l’on ne peut faire l’économie de sa pensée critique, que l’on y adhère ou pas. Et Chomsky & Cie constitue justement une belle introduction à cette pensée.

Réalisé à l’occasion d’une série de reportages de Giv Anquetil et Daniel Mermet pour l’émission de France Inter « Là-bas si j’y suis », le documentaire se présente comme « un film-outil d’autodéfense intellectuelle ». Sur un ton joyeux et frondeur, il se veut tout à la fois engagé et didactique, dans le meilleur sens du terme. De l’analyse du pouvoir à la « fabrication du consentement », le film reprend les principaux points de la réflexion de l’universitaire américain et les illustre par l’exemple. Il revient ainsi sur la différence de traitement médiatique d’événements comparables (le meurtre de l’évêque Oscar Romero à El Salvador et du père Jerzy Popieluszko en Pologne), l’utilisation d’incidents pour justifier une intervention militaire ou l’habileté de l’industrie du tabac dans les années 1920 à conquérir le public féminin. Loin de sa caricature d’antiaméricain primaire, N. Chomsky apparaît ici comme un penseur d’un équilibre et d’une lucidité rares.

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