Lettres à une amie vénitienne
Rainer Maria RilkeCe volume des lettres inédites de Rilke à une belle vénitienne, Mimi Romanelli, de 1907 à sa mort en 1926, parcourt tout le registre des sentiments amoureux. Rilke y évoque également longuement son travail poétique. L’appareil critique permet de replacer cette correspondance au coeur de la conception de l’amour chez Rilke, dans son combat entre l’art et la vie.
Extrait :
« Grand Merci de vos chers soins qui sont venus à moi comme des oiseaux à travers l’espace et dont je reconnais les ailes. Mais il n’y a pas de quoi vous inquiéter : je suis mieux, je sors un peu dans le jardin où un soleil timide, mais tout de même caressant me parle d’un printemps possible qui se prépare de loin. Merci de me proposer si généreusement la chère hospitalité de la Maison rose ; je sais qu’elle est toujours là et trouve un vrai réconfort en pensant que je pourrai y revenir. Combien de fois je ferme les yeux pour voir mieux la chambre qui fut tellement mienne. Non, je ne m’inquiète pas de vous. Nous sommes tous en danger pendant que nous vivons, mais c’est justement ce danger que nous aimons puisqu’il élargit nos coeurs en y faisant entrer l’infini — et admirez Venise et la vie et la mort et votre coeur intense. » 1908, R.M. R