Entretien entre J-P. Avice et A. Hacen autour d’Yves Bonnefoy dans « La presse de Tunisie »
lundi 03 janvier 2011
« Quels souvenirs avez-vous gardés de cette rencontre ? Le désir de poésie ne vous a-t-il pas pour ainsi dire caressé ? Peut-on fréquenter Yves Bonnefoy sans être tenté par la poésie ?
Ce que j’ai le plus retenu de ces moments, c’est une voix, une façon de faire entendre dans la poésie une parole autre que celle des conversations ordinaires, du «reportage», ou de la seule réflexion parce qu’elle prenait en compte la matière sonore des mots; une parole vivante adressée à chacun, et qui changeait la vie bien plus que les jeux des autres dans l’arbitraire et le silence des signes, une parole qui, loin des jeux des signes, avant les significations que l’on cherche à y deviner, s’entendait dans notre propre vie comme un appel. À propos de Baudelaire, Bonnefoy dit que jamais la vérité de parole n’a mieux montré son visage, c’est cela aussi que j’ai découvert grâce à lui, un visage, celui d’une vérité de la parole dans un temps où la réflexion, méfiante à l’égard des subterfuges des mots, interdisait le mot de visage comme ceux de vérité, de présence, de vie. »
Extrait de l’entretien
Cahier Bonnefoy, dirigé par O. Bombarde et J.-P. Avice
320 pages – 39 euros