Cahier Nimier
Dirigé par Marc Dambre.
Cinquante ans après, si déconcertant qu’ait été ce destin, le public et la critique n’en ont pas fini avec Roger Nimier. L’attestent son œuvre au format de poche et plusieurs essais récents. Aucun livre, pourtant, ne met pleinement sous les yeux cette expérience singulière, vécue entre les années 1940 et 1960. Ce Cahier veut combler ce manque. Il ambitionne ainsi de tenir le rôle de passeur auprès du lecteur actuel.
En 1948, Roger Nimier s’impose à l’âge de vingt-trois ans avec son premier roman, Les Épées. S’attaquant sans tarder à l’ordre intellectuel et moral instauré après la Libération, il se livre à des provocations qui lui valent bientôt des ennemis et une réputation de factieux. Mauriac, Julien Green et Marcel Aymé n’en désignent pas moins Le Hussard bleu en 1950 pour le Goncourt, avant que la revue de Jean-Paul Sartre fasse de ce roman l’emblème d’un groupe littéraire. Cinq autres titres ont déjà paru quand le hussard annonce en 1953 qu’il abandonne le roman pour longtemps. Rupture de ce silence, D’Artagnan amoureux présage à l’automne 1962 un retour, quand survient l’accident mortel.
Lancée à la face d’une époque jugée décevante, l’exigence de style qui caractérise Roger Nimier s’est exercée dès le début à la fois dans le roman, la chronique et la critique. Mais elle a aussi conduit l’écrivain à jouer un personnage. Ce Cahier en esquisse donc la mise en scène, avant de s’attacher successivement aux trois volets de l’oeuvre.
Entretien, journal poème, correspondances et autres formes, un matériau varié tente de rendre cette multiplicité à travers le temps.
Tout au long de ce volume, afin de restituer l’écrivain dans sa diversité, documents originaux et témoignages entrent dans une polyphonie de points de vue. Celle-ci s’oppose délibérément à une vision dont la cohérence serait dictée par la volonté de prouver, ou inspirée par le seul souci d’admirer.
Si l’oeuvre compte une quinzaine de volumes, ce Cahier étend la connaissance de l’auteur en rendant accessibles d’importants écrits encore dispersés, ou totalement inédits.
Pour l’interprétation, il apporte les analyses actuelles de critiques et d’écrivains, sans exclure la reprise d’articles significatifs ou fondateurs.
Ainsi se développe une réponse à la question que posent une oeuvre et une figure qui résistent incontestablement au temps. Ainsi surtout peut naître, on l’espère, la tentation de relire Roger Nimier, ou de le découvrir enfin.
Revue de presse :
Il faut lire, dans le Cahier de l’Herne consacré à Nimier, le texte de Gérard Guégan, qui n’a jamais oublié son cœur « rouge » et l’enragé qu’il fut. Il y raconte sa découverte de Nimier à travers son roman Le Grand d’Espagne, à l’ombre des bâtons l’opposant à l’extrême droite des sixties : par-delà les coups de barre de fer, la littérature considérée comme un mot de passe entre ennemis.
Arnaud Le Guern, On aurait tort d’avoir tort avec Sartre, Causeur.
Peu d’écrivains auront eu autant d’amis. De son vivant et encore aujourd’hui »hui. Les éditions de L’Herne ont eu l’idée géniale d’en réunir une centaine, de Christian Authier à Frédéric Vitoux, en passant par Geneviève Dormann, Adrien Goetz, François Kasbi, Christian Millau, Eric Neuhoff, Didier van Cauwelaert et autres plumes narrantes, brillantes et cinglantes (…).
Gilles Martin-Chauffier, Nimier tire son irrévérence, Paris Match.
En 1952, Bernard Frank publie dans Les Temps modernes, la revue de Sartre, Grognards et Hussards, véritable acte de baptême des « Hussards », étiquette sous laquelle il englobe Nimier, Antoine Blondin et Jacques Laurent. Retentissant article, repris intégralement par les Cahiers de l’Herne.
Jérôme Depuis, Nimier à tombeau rouvert, L’express.