Le club des haschischins
Théophile Gautier publia Le club des hachichins dans le numéro de février 1846 de La Revue des deux mondes. Il y raconte sa rencontre avec Baudelaire, Flaubert, Balzac, Dumas, Nerval, Delacroix… Cependant, contrairement à son ami Baudelaire, Gautier arrêtera assez vite les séances : « Après une dizaine d’expériences, écrit-il, nous renonçâmes pour toujours à cette drogue enivrante, non qu’elle nous eût fait mal physiquement, mais le vrai littérateur n’a besoin que de ses rêves naturels, et il n’aime pas que sa pensée subisse l’influence d’un agent quelconque. » Une belle leçon de vie en somme.
Extrait :
« Des cris rauques jaillissaient des poitrines oppressées ; les bras se tendaient éperdument vers quelque vision fugitive ; les talons et les nuques tambourinaient sur le plancher. Il était temps de jeter une goutte d’eau froide sur cette vapeur brûlante, ou la chaudière eût daté. L’enveloppe humaine, qui a si peu de force pour le plaisir, et qui en a tant pour la douleur, n’aurait pu supporter une plus haute pression de bonheur. Un des membres du club, qui n’avait pas pris part sa voluptueuse intoxication afin de surveiller la fantasia et d’empêcher de passer par les fenêtres ceux l’entre nous qui se seraient cru des ailes, se leva, ouvrit la caisse du piano et s’assit. Ses deux mains, tombant ensemble, s’enfoncèrent dans l’ivoire du clavier, et un glorieux accord résonnant avec force fit taire toutes les rumeurs et changea la direction de l’ivresse.«
Presse :