Les derniers jours d’Emmanuel Kant
« La vieillesse est un naufrage, aurait dit de Gaulle. Tels nous apparaissent en effet les derniers jours de Kant qui, par anticipation, avait dit à ses amis quelques années avant sa mort : « Messieurs, je suis vieux, affaibli et tombé en enfance, et il faut me traiter en enfant. » Les fonctions physiologiques se sont progressivement dérèglées et avec elles l’ordre rigoureux qu’il avait mis dans sa vie domestique. Il se mit à radoter, servant à la compagnie plusieurs fois par jour les mêmes histoires. Pour remédier à une mémoire de plus en plus incertaine, il avait conçu un jeu de fiches, sorte de Syllabus, qui lui permettait d’alimenter les conversations de table, qu’il accumulait et égarait. Ses nuits étaient troublées par de « ténébreuses processions de fantômes »… L’exceptionnelle fécondité théorique de l’auteur de la Critique de la raison pure fit place à des approximations étranges, comme celle d’attribuer à l’électricité ambiante l’accroissement brutale de la mortalité des chats. Sans compter qu’il perdait la notion du temps…
Un chef-d’oeuvre d’humour noir. Mais, outre la fascination qu’exerce sur l’auteur l’approche de l’échéance, nous assistons à une sorte de marche funèbre, en même temps assez dérisoire, celle d’un grand esprit jusqu’à sa « dissolution ». La légendaire ponctualité kantienne ne fut pas prise en défaut.» François L’Yvonnet
Préface de François L’Yvonnet.
Extrait :
«Le pouls battit encore quelques secondes plus lentement, plus faiblement, jusqu’à ce qu’il cesse tout à fait ; le mécanisme s’arrêta ; le dernier mouvement fut interrompu ; et exactement à ce moment la pendule sonna onze heures.»
Presse :