Lettres sur le mal
Spinoza
Parution :
01/01/2009
Pages :
122
ISBN :
9782851978912
Spinoza, à travers sa correspondance avec Guillaume de Blyenbergh et Henri Oldenburg, revient sur la question du Mal et ses formulations oiseuses. Une vieille affaire, en effet, pour la philosophie et la théologie : le Mal est-il ? N’est-il que la privation du Bien (privatio boni) ? Comment Dieu a-t-il pu créer Adam pécheur ? Comment concevoir à la fois un Dieu bon et la présence du Mal ?
« Quant à moi, je ne puis accorder que le péché ou le mal soit quelque chose de positif, encore moins que quelque chose puisse exister ou arriver contre la volonté de Dieu.
En premier lieu, nous savons que chaque être, pris en lui-même sans aucun rapport au reste des choses, renferme une perfection qui n’a pour bornes dans chque être que sa propre essence, et que l’essence même d’un être n’est pas autre chose. Je prends pour exemple le dessein ou la volonté d’Adam de manger du fruit défendu. Ce dessein ou cette volonté déterminée, considérée en elle-même, renferme précisément autant de perfection qu’elle exprime de réalité ; et on peut en conclure que nous ne pouvons concevoir d’imperfection dans les choses qu’en les comparant à d’autres choses qui ont plus de réalité : en conséquence, dans la détermination d’Adam, tant que nous la considérons en elle-même et que nous ne la comparons à rien qui soit d’une nature plus parfaite ou dans un état plus parfait, nous ne pouvons trouver aucune imperfection… »