L’honneur et l’argent
Paru en 1882 dans le Gaulois, “L’Honneur et l’Argent” a été écrit à une époque où Maupassant, après avoir perdu son emploi au Ministère de l’Instruction Publique, “ne parle que d’argent” selon son ami Paul Alexis. Critique radicale d’une société où la morale “se promène”, est “tantôt ici, tantôt là”, ce pamphlet introduit un florilège de chroniques et nouvelles dans lesquels ce sont les petits employés, les petits fonctionnaires, qui sont au devant de la scène. Des Bijoux à La Parure, l’auteur règle ses comptes avec le désir de l’argent !
Extrait :
« Or, ce goût pour le théâtre fit bientôt naître en Mme Lantin le besoin de se parer. Ses toilettes demeuraient toutes simples, il est vrai, de bon goût toujours, mais modestes ; […] elle prit l’habitude de pendre à ses oreilles deux gros cailloux du Rhin qui simulaient des diamants, et elle portait des colliers de perles fausses, des bracelets en similor, des peignes agrémentés de verroteries variées jouant les pierres fines. Son mari, que choquait un peu cet amour du clinquant, répétait souvant : « Ma chère, quand on n’a pas le moyen de se payer des bijoux véritables, on ne se montre parée que de sa beauté et de sa grâce, voilà encore les plus rares joyaux. » Mais elle souriait doucement et répétait : « Que veux-tu ? J’aime ça. C’est mon vice. Je sais bien que tu as raison ; mais on ne se refait pas. J’aurais adoré les bijoux, moi ! » Et elle faisait rouler dans ses doigts les colliers de perles… Il souriait en déclarant : « Tu as des goûts de Bohémienne. » »
Presse :